Le développement de l’Intelligence Artificielle pose le problème des compétitions d’Échecs de haut niveau


La troisième version d’AlphaZero, après avoir terrassé les champions de GO, a ridiculisé le plus sophistiqué des logiciels échiquéens Stockfish, l’écrasant par 28 à 0 ! L’IA de DeepMind, filiale de Google, n’a eu besoin que de quelques heures d’entraînement pour son deep learning… Un laps de temps toutefois suffisant pour jouer, contre une autre version d'elle-même, des centaines de milliers de parties. L’IA a ainsi amélioré sans cesse ses réponses en supprimant les mauvaises options, choisissant, au bout du compte, le coup parfait.


Réflexion de Léo Battesti

Il convient de rappeler le jeu d’échecs a une combinatoire finie. Ce que joue Alphago Zéro, est donc ce qu’il faut jouer.

C’est même d’une extrême simplicité pour l’IA, car à partir de règles simples, et sans aucune incidence d'un contexte,  c’est un petit problème mathématique à traiter pour lui. Une bagatelle même pour  les futures générations d’IA qui, à moyen terme, bénéficieront d’ordinateurs quantiques  ravalant nos actuelles PC au rang de vulgaires calculettes...
 

Les évolutions sont donc fulgurantes, et on imagine l’apport qu’elles constitueront pour des avancées scientifiques considérables en particulier dans le domaine médical.

 

Mais le joueur lambda n’a pas à s’inquiéter, ce sport sera toujours aussi complexe pour lui. Cependant il pose, à l’évidence, une interrogation sur l’avenir des compétitions de haut niveau.

Pour ceux qui en douteraient, je les invite à suivre l’actuel Grand Prix de Londres qui opposent les dix meilleurs joueurs de la planète. A ce jour, sur 25 parties, 23 ont abouti à des nulles. Et nos champions ne connaissent pas encore les chemins de la perfection car ils ne bénéficient que de l’aide d’ordinateurs de niveau à peine supérieur aux capacités calculatoires des êtres humains. Il est remarquable de constater d’ailleurs que dès l’instant où ils sortent de préparations qui se situent désormais de plus en plus en avant dans une partie, la plupart de ces talentueux joueurs n’ont plus confiance en eux. Car, en face le niveau de jeu, et particulièrement de défense, a considérablement augmenté chez les professionnels. Y compris parmi des joueurs de "Ligue 2". Tous, grâce à l'apport des ordinateurs, ne commettent plus d'erreurs significatives. Les résistances sont donc renforcées et, parfois, forcer le gain est contre-productif.  Si la règle leur permet d’offrir ou d'accepter une nulle, ils ne s'en privent pas. Pour certains en tous cas. Et ils sont nombreux à Londres en ce moment...

 

Le joueur moyen que je suis n’aura pas la vanité de juger la qualité de jeu des ces Grand-Maîtres. Elle est forcément excellente. Mais il constate que, désormais, à un tel niveau le talent a moins de poids pour créer des ruptures. Il faut avoir le génie de Carlsen, et sa confiancei, pour tenter de profiter de micro avantages dans des phases de jeu souvent évitées, ailleurs, par des nulles de consentement mutuel. Et qu’en sera-t-il, demain, lorsque des AlphaGO Zéro améliorés seront à la portée de toutes les bourses ?
 

Il conviendrait donc, à mon avis, d’agir fortement sur les règles du jeu pour que ce sport soit aussi, à son plus haut niveau, un spectacle qui fassent vibrer des millions d’amateurs.

Outre le fait d’instaurer l’interdiction de proposer des nulles par consentement mutuel, il faudra changer les cadences. Les accélérer, et supprimer les incréments. Les Échecs sont un sport. Sa glorieuse incertitude ne doit pas être balayée par les évolutions technologiques. Il faut donc les contrarier en donnant plus de poids au temps.  Cela me parait incontournable…

Léo Battesti

 


Adapter les règles des compétitions

Le joueur moyen que je suis n’aura pas la vanité de juger la qualité de ces parties. Elle est forcément excellente. Mais il constate que, désormais, à un tel niveau le talent a moins de poids pour créer des ruptures. Il faut avoir le génie de Carlsen, et sa confiance, pour tenter de profiter de micro avantages dans des phases de jeu souvent évitées, ailleurs, par des nulles de consentement mutuel. Et qu’en sera-t-il, demain, lorsque des AlphaGO Zéro améliorés seront à la portée de toutes les bourses ?

Il conviendrait donc, à mon avis, d’agir fortement sur les règles du jeu pour que ce sport soit aussi, à son plus haut niveau, un spectacle qui fassent vibrer des millions d’amateurs.

Outre le fait d’instaurer l’interdiction de proposer des nulles par consentement mutuel, il faudra changer les cadences. Les accélérer, et supprimer les incréments ou les limiter à quelques petites secondes.
Les Échecs sont un sport. Sa glorieuse incertitude ne doit pas être balayée par les évolutions technologiques. Il faut donc les contrarier en donnant plus de poids au temps.  Cela me parait incontournable…

Léo Battesti



Le Vendredi 8 Décembre 2017 | Lu 2131 fois

Vendredi 8 Décembre 2017


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